Ce que l’on appelle « Je » ou « Etre » est seulement une combinaison d’agrégats physiques et mentaux qui agissent ensemble d’une façon interdépendante dans un flux de changement momentané, soumis à la loi de causes et d’effets, (…) il n’y a rien de permanent, d’éternel et sans changement dans la totalité de l’existence universelle.
Voilà la doctrine d’Anatta développant l’idée de Non-Soi telle qu’elle est émise par le Bouddha.
Une doctrine du Non-Soi, positive, ni bonne, ni mauvaise
D’après l’enseignement de Bouddha, il est aussi mauvais de soutenir l’opinion « je n’ai pas de Soi » (théorie annihiliste) que celle disant « j’ai un Soi » (théorie éternaliste) dans la mesure où toutes les deux sont des LIENS, toutes les deux se levant devant la fausse idée « JE SUIS ».
La position correcte à l’égard de la question d’Anatta est non pas de soutenir telle ou telle opinion ou vision des choses, mais d’essayer de voir les choses objectivement, telles qu’elles sont, sans projections mentales, de voir que ce qu’on appelle « Je » ou « Etre » est seulement une combinaison d’agrégats physiques et mentaux.
Voir la conditionnalité en toute chose
Mais s’il n’y a pas d’âme, de Soi (Atman) alors qui reçoit le résultat du karma, des actions ? Dans la tradition bouddhique, en effet, demeure le Karma au fil des réincarnations avant d’atteindre le Nirvana et l’extinction complète de la Soif. Le Bouddha répond de cette manière à la question : il faut voir la conditionnalité – la causalité – partout et en toute chose.
Cela laisse une grande liberté d’interprétation car à aucun moment le Bouddha ne cherche à dissuader de croire un croyant qui se sentirait perdu sans l’idée d’un Soi et d’une âme, ni a pencher vers le relativisme complet et le Nihilisme (notion moderne). C’est à chacun de faire le chemin et de voir la réalité des choses avec la recherche de la connaissance juste, l’attention juste, la concentration. Nous pouvons nous servir de la philosophie bouddhiste sans avoir de comptabilité à lui rendre, comme dit Bouddha, nous seuls sommes notre propre refuge.
Inspiré des propos de Walpola Rahula dans L’enseignement du Bouddha